20 Juin Parlons de cours en ligne communautaires, parlons de cohortes
Première vague : Les MOOC
Avant de parler cours en cohorte, il faut savoir que la première vague de l’enseignement en ligne a débuté en 2008 avec les MOOC (Massive Open Online Courses). Lancés par des universités d’élite comme Harvard et le MIT via la plateforme EdX, et Stanford via Udacity, les MOOC avaient pour objectif de proposer gratuitement à des étudiants un accès à un enseignement universitaire, qui autrement n’auraient pas pu se le permettre. Le principal défi de cette première vague a donc été de convertir les supports de cours traditionnels dans des formats numériques adaptés à l’apprentissage en ligne.
Mais en 2013, l’engouement initial pour les MOOC s’est déjà largement estompé. La principale problématique étant que les personnes qui ont tendance à réussir les MOOC sont les mêmes personnes très instruites qui ont déjà un diplôme universitaire. Et même dans ce cas, les taux de réussite restent très faibles. Une étude approfondie menée par deux chercheurs du MIT a révélé qu’entre 2013 et 2018, les taux d’achèvement des MOOC n’ont cessé de baisser, pour atteindre une moyenne de 3 % en 2018.
Seconde vague : les Marketplaces
La seconde vague, celle des Marketplaces, a commencé à prendre forme vers 2010. Des sociétés telles que Skillshare ou Udemy, ont cherché à répondre à une nouvelle question : “Comment gagner de l’argent avec des cours en ligne ?”
Elles ont donc commencé à proposer des plateformes où chacun peut créer le cours qu’il veut. Cela a permis aux instructeurs indépendants (pas seulement des professeurs titulaires d’un doctorat) de créer des cours et de les proposer à la vente dans le monde entier sans avoir à construire leurs propres plateformes de diffusion.
Comme ces instructeurs ne sont généralement pas des experts de renommée mondiale soutenus par des universités prestigieuses, ils ont besoin de visibilité. Les Marketplaces fournissent cette visibilité en centralisant des milliers de cours sous un même toit et en attirant du trafic. Elles se chargent de trouver les étudiants et de les orienter vers les cours qui pourraient les intéresser, en échange d’un pourcentage de la vente.
Les instructeurs star de cette deuxième vague ont commencé à trouver que les Marketplaces étaient trop gourmandes et qu’elles prenaient trop de chose : un pourcentage de revenus très élevé, le contrôle de la tarification et de l’expérience étudiants et surtout la relation directe avec les étudiants.
Ils ont donc commencé à quitter les Marketplaces, emportant avec eux leur audience en pleine expansion. Cet exode a déclenché la troisième vague : celle des Toolkits.
Troisième vague : les Toolkits
Les meilleurs instructeurs de la vague précédente, qui avaient commencé à gagner des sommes importantes en enseignant en ligne, ont voulu créer de véritables entreprises avec leurs propres conditions et leurs propres marques et ne plus travailler sur des plateformes qui ne leur laissaient pas leur mot à dire.
Les Toolkits — menées par des entreprises comme Thinkific, Kajabi et Teachable — ont commencé à prendre les devants vers 2014 pour permettre aux instructeurs de contrôler leur distribution, leur tarification et la relation avec leur audience. Ces nouvelles plateformes ont compris que le pouvoir s’était déplacé vers les instructeurs, qui étaient propriétaires du contenu pédagogique, disposaient de la passion pour l’enseigner et surtout de l’audience qui voulait de ce contenu. Cela les a amenées à adopter une approche “favorable aux instructeurs”, en les traitant comme leurs clients les plus importants, à l’inverse des Marketplaces, qui les traitaient comme de simples fournisseurs.
Les limites du modèle des Toolkits ont finalement commencé à se révéler vers 2017. Aussi responsabilisante que soit cette troisième vague, elle exige trop des instructeurs. Pour eux, il ne s’agit pas seulement de se familiariser avec de multiples types de technologies, mais aussi d’acquérir les compétences marketing nécessaires pour attirer un flux continu d’étudiants. Occupés par tant de sujets connexes, les instructeurs n’ont presque plus de temps à consacrer au développement et l’actualisation de leur contenu pédagogique, ni à la qualité de l’expérience étudiant.
Côté étudiants, il est apparu également que les cours individuels asynchrones exigeaient trop d’eux : trop de temps, trop d’énergie et trop de dévouement. Relativement peu de personnes sont capables de faire preuve d’autodiscipline pour parcourir seules de nombreux modules de vidéos, de lectures, d’exercices et de quiz. Les taux d’achèvement de ces “cours autogérés” ne sont guère meilleurs que pour les MOOC.
En réponse à cela, l’apprentissage en ligne a de nouveau évolué. Les trois premières vagues ont résolu les problèmes des instructeurs : comment mettre à disposition du contenu pédagogique en ligne, comment gagner de l’argent et comment développer une audience.
La question la plus importante se pose enfin : « Comment motiver l’étudiant à se former de manière satisfaisante et continue en ligne ? »
Quatrième vague : Les cours en cohorte
La quatrième vague a pris le nom de “cours en cohorte”, faisant référence à un groupe d’élèves qui s’inscrivent ensemble à un cours en ligne et le suivent au même rythme. L’instructeur fournit une structure et des conseils, mais une grande partie de l’apprentissage se fait entre élèves. Les étudiants partageant ce qu’ils découvrent en temps réel et s’encouragent mutuellement à continuer.
Il est important de réaliser que chaque nouvelle vague dans l’histoire de l’éducation en ligne n’éteint pas la précédente. Elle s’appuie sur elle et apporte de nouvelles opportunités.
D’une certaine manière, les cours en cohorte ne sont pas nouveaux. C’est ainsi que nous avons appris, de l’école primaire jusqu’à l’université : aux côtés de nos pairs, avec une interaction en temps réel, sous la direction d’un enseignant. Nous avons appris en cohorte parce que tout le monde se trouvait de toute façon dans la même pièce au même moment. Mais jusqu’à récemment, il n’était pas aisé d’offrir ce format éducatif en ligne. La popularisation des outils comme Zoom a permis pour la première fois de rendre la vidéoconférence facile et fiable pour les grands groupes.
Les cohortes peuvent désormais se réunir à partir de dizaines de pays, se rencontrer à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, se concentrer sur des sujets de niche qui intéressent relativement peu de personnes, et adapter le programme d’études à souhait. Tout est virtuel et numérique, ce qui signifie que c’est malléable.
Qu’est ce qui distingue les cours en cohorte
Quatre facteurs principaux expliquent le succès de l’apprentissage en cohorte : la communauté, la responsabilité, l’interaction et l’impact.
L’apprentissage des êtres humains se passe presque toujours en communauté. Même dans le cas de compétences solitaires comme l’écriture, le fait de se réunir en groupes d’écriture pour se donner mutuellement du feedback est essentiel pour progresser.
Par ailleurs, l’apprentissage en cohorte en ligne réinvente, dans un environnement virtuel, la responsabilité sociale et le soutien que l’on trouve dans les écoles traditionnelles (groupes d’étude, travaux dirigés, entretien en face à face avec l’instructeur, présentation de travaux et projets, etc.). Ces formes de responsabilité sont essentielles pour aider les étudiants issus de milieux très divers à terminer avec succès le programme auquel ils se sont inscrits.
En outre, l’interaction directe, rendue possible par le biais de vidéoconférences, apporte davantage à l’expérience d’apprentissage. Elle crée un environnement où de nombreux types d’interactions différentes se superposent et contribuent à rendre l’expérience dynamique.
Finalement, l’impact, lui, se traduit par la véritable valeur de l’éducation. Cette valeur est la capacité à transformer les gens. Alors que nous passons tous de plus en plus de temps sur Internet, il y a une énorme soif d’expériences plus profondes et plus significatives qui nous impactent bien plus longtemps que la dernière story Instagram.
Une nouvelle ère d’apprentissage démocratisé
Les cours en cohorte démocratisent donc réellement l’enseignement en ligne, car ils offrent la structure et la responsabilité dont les gens ont besoin pour réussir leur apprentissage.
Les étudiants les plus défavorisés sont aussi ceux qui ont le plus besoin de ce soutien, et l’interaction en direct qu’offrent les cohortes est un moyen beaucoup plus personnalisé, réactif et humain de le fournir.
Il n’est plus nécessaire d’avoir un doctorat pour enseigner, ni d’obtenir des résultats élevés aux examens pour être admis comme étudiant. Au lieu de développer les universités traditionnelles, avec toute la bureaucratie et les formalités qui les alourdissent, nous pouvons recréer la magie de l’éducation dans un environnement virtuel où chacun peut choisir ce qui l’intéresse le plus.
Nous sommes convaincus chez Neoddity qu’il faut mettre à profit les avancées de chaque vague pour renouveler la magie de l’éducation en ligne.